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Seminars

I- Seminar : The World Seen from Africa /S2

April 26, May 03- 10- 17- 24, June 7, 2023

26/4/2023

Ousmane Traoré,

Pomona College, Claremont, USA

Between the Sahara and Atlantic Ocean : Early Cross-Cultural Encounters Between North and West Africa, and the Mediterranean World.
Slavery, Religion, and Racial Intermingling

This paper details the historical context of sub-Saharan societies in the early modern period, when they were caught between trans-Saharan and transatlantic trade patterns. It examines Arab, Almoravid, and European imperializing efforts, demonstrating how their common goal in the West African interior was to control the sources of gold and captives. Portuguese expansion in West Africa began in the fifteenth century, thus overlapping with that of the Saharan Almoravids and Arabs, which persisted from the eleventh into the eighteenth century. This imperial expansion, be it from Arabs or Europeans, had profound repercussions for the geopolitics of the Senegal River, Senegambia, and the hinterland. Analyzing it offers us a better understanding of violence as the driving force behind the slave trade. At the same time, within this context of slavery and violence, the populations were able to call on a variety of resistance strategies that allowed them to retain decision-making power and room for maneuver. In the Senegambian region, for instance, by resisting imperial incursions, communities and kingdoms not only maintained territorial sovereignty, but also preserved themselves from slavery. Scrutinizing such forms of resistance likewise reveals a great deal about the feelings of identity that underlay them. If identity among sub-Saharan ethnic states was strongly linked to the state’s borders, another, more cosmopolitan, identity is observed to have taken shape in the trans-Saharan crossroads of the hinterland and in the Atlantic ports. North and West Africans in these settings, free and captive, elite and non-elite alike, turned to religion, Islam, as a common denominator in their encounters. In their claims to inhabit such collective religious identities, whether Animist, Muslim, or Christian, individuals as diverse as Arabs, Hausa, Fulani, Malinke, Sonraï, Tuareg, Berbers, the Futanke of Futa Toro, and the Soninke of Gajaaga (inter alia) bridged their linguistic and ethnic differences and hence created an intercultural milieu. This paper therefore focuses on the intercultural encounters cemented through the diplomatic language of religion, between various North African, West African, and European individuals in the inland areas, Atlantic ports of West Africa, and in the lands of Islam. Further, these collective identities acted as a counterweight to the slavery violence that held sway in West Africa from the fifteenth to eighteenth centuries.

3/05/2023

Ali Benmakhlouf,

Université Mohammed VI Polytechnique, Maroc

Maya Angelou et Toni Morrisson, deux itinéraires afro-américains

L’Amérique de jeunesse de Toni Morrison comme de celle de Maya Angelou est une Amérique de la ségrégation. Maya Angelou née en 1928, morte en 2014. Elle fut danseuse, chanteuse, productrice d’émissions à la TV, tenancière de bar, mais surtout poétesse. Elle apprit par cœur plusieurs passages de Shakespeare : pour une fois elle lut quelqu’un dont l’écriture ne reflète pas le mépris pour les Noirs. Elle fut la première noire américaine qui a écrit méthodologiquement son autobiographie au-delà du 3e volume (il y en a 7). Elle vécut au Ghana où, pour la première fois, elle s’est sentie chez elle (at home) ; elle vécut en Égypte aussi où elle fut journaliste vivant avec un activiste Sud-Africain luttant contre l’apartheid, voyagea en Algérie et au Sénégal. Elle connut Malcom X avec qui elle voulut contribuer : il mourut le lendemain de son retour aux US. Elle combattit aux côtés de Martin Luther King. Son œuvre majeure : « I know why the caged bird sings », paru en 1970.
Toni Morrison (1933-2019) a remporté le prix Nobel de littérature en 1993. Elle dit que l’Amérique du Nord est la première puissance mondiale car ce pays a bénéficié de 200 ans de main d’œuvre gratuite, en raison de l’esclavage, et n’aime pas trop qu’on le lui rappelle. Elle a écrit de nombreux romans dont « Beloved », celui qui l’a rendu célèbre. Ce roman est inspiré de l’histoire au 19e siècle de Margareth Garner qui, fuyant l’esclavage, et étant rattrapée par ses propriétaires, a préféré tuer ses enfants plutôt que de les livrer au propriétaire et de les voir devenir esclaves à leur tour.

10/05/2023

Yolaine Parisot,

Université de Paris Est Créteil, France

Lire le roman africain contemporain comme une fiction d'”histoire connectée

Nombre de romans africains francophones contemporains s’affrontent à cette nécessité, toujours actuelle et pertinente, de penser l’universel. Ils renouent par là-même avec d’anciens débats sur l’humanisme. Mais, à lire ces fictions, il s’agit, semble-t-il, de le faire désormais en sondant la politique de la littérature à l’aune du contexte contemporain et d’une nouvelle donne : l’idée que l’imagination d’un état du monde meilleur doit désormais s’envisager depuis l’Afrique, certes à partir de la catastrophe advenue mais selon une éthique de la justice. Ces fictions romanesques interrogent les relations de la littérature à son dehors au prisme d’une relecture critique des épistémès. L’écriture de l’histoire qu’elles déploient vise moins à reconstituer l’histoire qu’à réinitialiser la circulation des savoirs et l’exploration des bibliothèques. Parce que la contre-histoire concerne autant la philosophie que les arts, cette réflexivité du roman africain francophone contemporain sur la relation de la littérature à son dehors et l’auctorialité ainsi réparée non seulement contribuent à une perspective transnationale mais fictionnalisent les conditions de possibilité d’une « histoire connectée », non « entre les empires », mais « en travers » (S. Subrahmanyam).

24/05/2023

Malick Ndiaye,

Seattle University, USA

Fureurs postcoloniales. Quels paradigmes pour une critique de l’universalisme en Afrique?

La réflexion partira d’une analyse de la politique africaine de la France pour dégager des hypothèses sur connivences et les ruptures dans les échanges sur et à partir de l’Afrique. On verra les tendances et limites d’un discours afrocentré en réaction à l’universalisme à l’occidentale. Notre propos mêlera les débats post-black lives matter sur l’inclusion, la critique du néocolonialisme et les tendances actuelles de la prospective comme réponse à une vision stéréotypée du continent.

07/06/2023

Bernard Coyault,

Centre for Afro-European and Religious Studies (CARES).

L’Égypte noire, historiographie afrocentrée et renaissance culturelle africaine : généalogie et devenir d’une rupture épistémique

En 1954 paraissait Nations nègres et culture du Sénégalais Cheikh Anta Diop (1923-1986). Pour Diop, l’Egypte pharaonique (Kemet) est une civilisation édifiée par des Noirs et cette matrice égyptienne noire serait à l’origine d’une part de la civilisation occidentale via la Grèce antique, et d’autre part des civilisations africaines de l’Ouest et du Centre. L’ouvrage porte un projet de refondation d’une conscience historique africaine en vue d’une renaissance culturelle et politique à l’échelle du continent. La thèse est rejetée par les savants occidentaux, oscillant entre déni et mépris et disqualifiant les travaux de nombreux chercheurs historiens et leurs écoles d’égyptologie ouvertes dans les capitales africaines. De cette guerre idéologique entretenue par l’humiliation et le ressentiment émerge peu à peu un régime historiographique de ségrégation. Au fil du temps, le débat a quitté les cercles savants et la proposition diopienne a donné naissance à une contreculture basée sur l’Egypte noire – antique matrice de toute sagesse et de toute connaissance. Ce courant transnational impacte les « Afriques dans le monde ». La conférence questionne le devenir de cette rupture épistémique et les possibilités de rétablir une conversation.

II- Seminar : The World Seen from Africa

November 30, December 07, 2022

January 4 – 18, 2023

30/11/2022

Ali Benmakhlouf,

Université Mohammed VI Polytechnique, Maroc

Le patrimoine mondial : une transmission matérialisée de la mémoire

 La convention de 1972 sur le patrimoine mondial, de l’UNESCO, ne se présente pas comme celle d’un « patrimoine commun de l’humanité » : celle expression renvoie au droit sur les fonds marins, l’atmosphère ou encore la lune (1979). La convention parle plutôt de la « communauté internationale » que « d’humanité ». En cela elle suppose la participation des États dont la souveraineté est à la fois une contrainte, un engagement et une nécessaire coopération.
La contrainte vient non seulement de la soumission de la convention au droit de chaque État membre, mais aussi à une contrainte moins explicite, mais non moins efficiente : celle du marché financier et de la circulation rapide du capital qui présente des menaces sur des sites susceptibles d’être protégés et qui se trouvent soumis à la spéculation foncière.
Le patrimoine n’est pas dissociable du regard qu’on porte sur lui. Au cœur du concept de patrimoine, il y a le souci de la transmission aux générations futures de ce qui a une valeur. Il a ainsi une dette contractée, non envers les Anciens, mais aussi envers les générations à venir, ce qui supposé le fait d’assumer le coût d’une conservation pour une transmission.

7/12/2022

Ali Benmakhlouf,

Université Mohammed VI Polytechnique, Maroc

Les voyages en Afrique d’Ibn Battuta

Deux remarques d’un des plus grands spécialistes contemporains de l’histoire de l’Afrique :
1)Aller du côté des sources arabes de l’histoire de l’Afrique comme un des moyens de « se défaire de l’image d’une Afrique « éternelle », de l’Afrique des « tribus », de l’Afrique « miroir des origines », (François Xavier Fauvelle, Le Rhinoceros d’or, histoire du Moyen âge africain, Tallandier, nouvelle édition, 2022, p.15). ».
2) « Partout, les connaissances relatives au passé des sociétés africaines souffre d’un déficit de légitimité au sein des connaissances admises par le plus grand nombre » (F-X Fauvelle, Penser l’histoire de l’Afrique, CNRS Éditions, 2022, p.8)
Commençons par y remédier en lisant « le voyage » (la rihla) d’Ibn Battuta.
Il fait une « rihla », littéralement « déplacement », mot qui désigne aussi bien le voyage que le récit qui en est fait, car c’est devenu un genre littéraire.
Chams ed din abu Abdullah mohammed ibn abdullah ibn mohamed ibn ibrahim ibn mohamed ibn ibrahim ibn yusuf al lawâti al tanji, dit Ibn Battuta (ca. 1304-1369), né sous la dynastie mérinide, ne fut ni un historien, ni tout à fait un chroniqueur. Ce fut un voyageur, se considère comme « une âme entêtée au voyage ». Ses voyages sont motivés par la piété, le souhait de faire le pèlerinage, mais très vite le goût du voyage prit le dessus, et le désir d’arpenter le monde musulman de Tanger à Pékin en passant par la Mecque et Dehli, puis d’autres voyages le mènent vers le Yémen, la côte orientale de l’Afrique, la Mauritanie, le Mali, le pays du « soudan », soit ce que nous appelons aujourd’hui l’Afrique de l’Ouest.

4/1/2023

Ali Benmakhlouf,

Université Mohammed VI Polytechnique, Maroc

Ibn Khaldun, une histoire africaine à la mesure du monde : l’enjeu des archives lacunaires

Ibn Khaldûn, Le livre des exemples, I, Muqaddima (prolégomènes), Gallimard, Pléiade, trad.franç. de Abdeslam Cheddadi, 2002 :
« Les sciences qui ont été perdues sont plus nombreuses que celles qui nous sont parvenues. Où sont les sciences des Perses que ‘Umar avait donné l’ordre d’abolir à l’époque de la conquête ? Où sont les sciences des Chaldéens, des Assyriens, des Babyloniens ? Où sont leurs œuvres et les résultats qu’ils ont acquis ? Où sont encore les sciences des Egyptiens avant eux ? Les sciences qui sont arrivées jusqu’à nous proviennent d’une seule nation, la Grèce, grâce à la passion mise par Al-Ma’mûn à les faire sortir de la langue grecque et aux moyens qu’il a pu mettre en œuvre : un grand nombre de traducteurs et beaucoup d’argent. Nous ne connaissons rien des sciences des autres nations. »

18/1/2023

Ali Benmakhlouf,

Université Mohammed VI Polytechnique, Maroc

Décrire l’Afrique au 16e siècle, Hassan Al Wazzan dit Léon l’africain
1494-1554

Né à Grenade aux alentours de 1495, au moment de la chute de Grenade (1492). Sa famille rejoint Fès. Premier exil forcé et premier apprentissage fondé sur la mémorisation du coran. Puis étude du droit et de la théologie dans l’université Al Quarawiyyin. Il participe à différentes campagnes militaires pour reprendre Asilah aux portugais autour de 1512. Il a 16 ans quand il accompagne son oncle, grand diplomate, envoyé par le roi Wattasside (dynastie qui a peu régné au Maroc: 1472-1555), auprès de Muhammed Touré, roi de Tombouctou. Lors de son second voyage au Mali, il chargea du sel pour aller le vendre là-bas. De là, il rejoignit l’Égypte, par une route pleine de dangers. Il longe le bord septentrional du lac Tchad. Il est envoyé par le roi de Fès pour une mission à Constantinople. Traverse le Maghreb, s’arrête à la cour de Tlemcen, gagne l’Égypte, fait probablement le pèlerinage de la Mecque. Lors de son retour, en 1518, au large de l’île de Djerba, le corsaire sicilien Pietro Bodaviglia le fit prisonnier et l’emmena en Italie.

(Lire les travaux de la spécialiste internationalement reconnue de Léon l’Africain : Oumelbanine Zhiri, Les sillages de Jean Léon l’Africain, Wallada, Casablacna, 1995.
Oumelbanine Zhiri, L’Afrique au miroir de l’Europe, Droz, Genève, 1991.)

Léon l’Africain avait beaucoup d’humour concernant sa situation: Africain en Europe, Européen (il est né à Grenade) en Afrique. On l’appellerait aujourd’hui afropéen.
« Il conçoit ainsi une fable, celle de l’oiseau amphibie, vivant dans les airs et dans l’eau :
« Toutes les fois qu’on venait demander à l’oisillon l’impôt de la part du roi des oiseaux, il s’enfuyait sous l’eau et toutes les fois qu’il lui était demandé par le roi des poissons il revenait sur terre.
« Je veux en conclure que partout où l’homme voit son avantage, il y court quand il peut. Par suite si on décrie les Africains, je dirai que je suis né à Grenade et non en Afrique. Et si c’est mon pays natal que j’entends critiquer, j’alléguerai en ma faveur que j’ai été élevé en Afrique et non à Grenade. Mais je suis assez bienveillant vis-à-vis des Africains pour ne relater de ce qui peut leur être reproché que les choses qui sont de notoriété publique et les plus manifestes aux yeux de chacun » (Jean-Léon l’Africain, La description de l’Afrique, trad.franç. D’Epaulard, nouvelle édition, Maisonneuve, 1980, partie I, p.66)

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